07-08-2025
Le militaire Fernand Carrel a pris son «dernier envol»
Grande figure de l'aviation militaire suisse, ce fribourgo-lausannois avait défendu avec succès l'achat du F/A-18 dans les années 90. Publié aujourd'hui à 18h30
Fernand Carrel en octobre 1999.
KEYSTONE
Fernand Carrel est décédé le 30 juillet, indique l'avis mortuaire signé de lui seul dans 24 heures du 6 août. «Lorsque vous lirez ce message, j'aurai pris mon dernier envol vers les champs d'azur et d'étoiles illimités.» Ainsi débute les quelques lignes de celui qui fut commandant des forces aériennes, comme il le précise dans son ultime signature.
Né le 5 juin 1937 dans une famille modeste, ce fribourgeois grandit à Lausanne. Il a le rêve de piloter des avions dès l'âge de 11 ans et se consacre entièrement à le réaliser. Après des études à l'EPFL, il obtient son brevet de pilote militaire de milice en 1959. Ingénieur au sein de l'administration communale lausannoise, il défend le projet d'aérodrome d'Etagnières, dont la capitale vaudoise est partie prenante. Le peuple vaudois dit non en 1966. Le bref parcours professionnel de Fernand Carrel dans le civil s'achève là.
L'année suivante, à 30 ans, il devient pilote militaire de carrière. D'abord responsable des essais d'avions, il gravit les échelons jusqu'à devenir commandant des forces aériennes, fonction qu'il exerce de 1992 à 1999. La célébrité par l'aviation militaire
À l'aise avec les médias, le pilote se prête volontiers au jeu de la célébrité. Dans un portrait de la TSR en 1985, le journaliste aborde la question de son célibat. «(…) Je suis plutôt une exception, la plupart de mes collègues sont d'heureux pères de famille (…). Il est vraisemblable que je suis aussi un peu un extrémiste dans cette façon d'envisager cet apostolat aéronautique», répondait-il. Il est alors déjà un des visages romands de l'armée.
En 1989, c'est la secousse. Un gros tiers des citoyens suisses dit oui à l'abolition de l'armée. Quatre ans plus tard, une nette majorité rejette le gel de l'acquisition nouveaux avions de combat, alors que Berne commande 34 exemplaires du F/A-18. Victoire pour le militaire de carrière, dont la mission a été de défendre l'appareil made in USA face à l'opinion publique. L'armée entame sa cure de minceur avec «Armée 95». Fernand Carrel s'illustre alors comme le défenseur de référence d'une aviation militaire critiquée pour son coût et prône l'ouverture à une collaboration internationale.
En 1997, le public découvre qu'il lui est arrivé de piloter en solo, malgré son âge et ses hautes responsabilités. Il lui est même reproché des erreurs de pilotage. Le chef du département militaire, Adolf Ogi, le blanchit. En 1999, il est perçu comme un provocateur avec sa demande d'une douzaine de F/A-18 en plus, peu avant sa retraite.
Fernand Carrel, marié à l'aviation, participe encore à la création du musée de l'aviation militaire de Payerne au début des années 2000.
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Jérôme Cachin est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Plus d'infos
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